« Watzehell ? »

Ça ? C’est la réaction de Han Kyul en ouvrant les toilettes des hommes. C’était les jungles du Vietnam, les ruelles d’Alger durant la guerre d’Algérie, Stalingrad après le passage des allemands nazis, Constantinople après son pillage par les croisés européens & Dallas dans l’impitoyable série télévisée américaine. Tout en même temps. OUI, TOUT en même temps. Pas possible ? C’était ce que croyait notre super concierge avant d’avoir vu ce champ de bataille. Et ses fringues - un uniforme gris dégueulasse - et son arsenal n’aidaient pas à lui donner confiance. Le jeune homme baissa sa tête, son regard se posant sur sa montre. Quelques heures avant la pause déjeuner. Vu le carnage qu’il y avait eut dans les chiottes, il allait probablement sauter le repas; Diantre. Le sort s’acharnait sur notre super héros~ PHK inspira un grand coup avant se frapper doucement les joues pour se donner courage; Il retroussa ses manches, fronça les sourcils et pénétra en enfer. L’odeur était étouffante; Les lieux, insalubres. Les hommes ne sont vraiment que des bêtes ?

Il commença par les cabines; Et chacune d’entre elles correspondaient à une vision qu’il se faisait de l’enfer. Pour ne pas heurter la sensibilité des plus jeunes - et des moins jeunes bien entendu - et pour faire preuve de décence, je ne vais pas décrire et détailler davantage ces cabines. Juste vous dire que c’était sacrément pas jolie à voir. Une épingle pour pincer les narines, une distance de sécurité de quelques quarante centimètres, notre jeune homme nettoyait avec courage & conviction les bords et rebords des « trônes ». Jusqu’à ce qu’ils deviennent blancs étincelants. Et une fois ceux-ci fini, c’était les murs, les latrines, les lavabos, le sol & les miroirs. Peut-être aurait-il du éviter de faire ces derniers pour ne pas apercevoir la mauvaise mine qu’il tirait; Là, franchement, notre TOP concierge ferait peur au croque-mitaine. A la mort elle-même. Il arqua un sourcil, avant de soupirer de fatigue. Était-ce sa faute d’être né avec un tel regard ?

Et puis il reprit son boulot. Il refit le sol, les portes, remit du papier toilettes là où il n’y en avait plus, décrassa les tuyaux; Au bout de quelques trois heures, les toilettes des hommes étaient devenues comme neuves. Ou presque. On ne transforme pas l’antichambre de l’enfer en paradis sur terre en trois heures, vous savez. Il restait quelques « réminiscences du passé », symboles d’une histoire trouble. Mais Hanki ne pouvait en faire davantage. S’il continuait à plonger dans les « trônes », il risquait de ne plus jamais en ressortir. Il eut un énième soupir, adossé contre les portes d’une cabine et en train de regarder son iPod, « zappant » les musiques et cherchant celle qui l’intéressait le plus. Un bonhomme âgé d’une quarantaine d’année ouvrit à ce moment la porte des WC.

Mais malheureusement pour lui, Kyul n’était pas d’humeur à se taper la discute avec un vieux poltron dont la principale envie était de se soulager après une soirée arrosée, n’est-ce pas ? Il se fit donc dégager par l’homme de ménage visiblement en colère, le pied au cul et le balais à la main, prêt à casser le pauvre fou en trois morceaux; « Sont tarés ici. C’est écrit qu’il faut pas entrer ou merde ? » lâcha le jeune homme en faisant quelques pas pour voir si le panneau « nettoyage en cours » était affiché ou pas. Et non, il ne l’était pas. Il avait donc envoyé chier un salaryman alors que c’était clairement de sa faute. Un homme normal serait allé s’excuser. Hanki se regarda dans le miroir, se demandant s’il devrait en faire de même. La réponse arriva trois secondes plus tard : Non. Et il ne se prit même pas quelques minutes pour aller chercher ledit panneau pour l’afficher devant les « wateur clauset ». Pas en forme je vous le dit.

Pas la peine d’imaginer la gueule qu’il tirait lorsque mademoiselle Hye Ri pénétra dans les toilettes des hommes. Une gueule de blasé pas possible, le regard perdu entre le désintérêt et la colère; Ses poings se serrèrent contre le balais et on pouvait presque voir ses veines en sortir. Il l’a regarde avancer vers lui avant de sortir d’il ne savait où un « gâteau ». Hanki inclina légèrement la tête en avant, un sourcil froncé tandis que l’autre était détendu, avant de se redresser et de poser son regard lourd et « méchant » sur la pauvre demoiselle. Pauvre demoiselle ? Notre « femme de ménage » devait bien avoir mille et une raison de la détester. Si on oublie cette histoire au lycée ou elle fut la raison de la « non histoire » entre lui et une certaine personne, il y avait cette histoire de commissariat.

« C’est empoisonné ? » répliqua sèchement le concierge, quelque peu étonné de la manœuvre d’approche de la danseuse. Elle avait aucune raison de venir s’excuser, non ? Qu’est-ce que ça changerait qu’il lui pardonne ? Bah oui, il avait le droit de se méfier non ? « Non sérieusement. Venir un vendredi alors que t’es en congé, c’est GRAVE louche. T’as fait une expérience avec ton gâteau et tu veux me faire tester ça en premier, c’est ça ? »
Il continuait de la zieuter avec insistance; Il trouvait ça effectivement très louche. Mais après quelques secondes de silence, il lâcha quelque chose qui ressemble à un « Tssss. Tant pis, j’ai la dalle » avant d’attraper la boîte et de se poser - et le poser - par terre. Boîte qu’il ouvrit en hâte et prit un petit morceau avec les doigts qu’il posa sur sa langue. Le jeune homme mâcha lentement le morceau de gâteau au chocolat avant de l’avaler. Une fois dans son estomac, il se remit à zieuter son ancienne camarade de classe avant de, sans crier garde, prendre son cou - le sien hein - avec sa main propre et de se mettre à rouler par terre en - semblerait en tout cas - hurlant de douleur. Pis dix secondes après il s’arrêta, se remit droit - mais toujours aussi par terre -; « Ah bah non, je suis toujours vivant » répliqua tout simplement Hanki en reprenant un morceau.

« T’aurais été plus intelligente, tu serais aller acheter un gâteau plus chère. J’ai pas les moyens de me payer les trucs des gros pâtissiers moi. Et vas'y, prend en un peu, j’finirais jamais » continua le bonhomme en faisant signe de la main à la demoiselle de s’asseoir à son tour. Oui, il avait deviné que la belle l’avait acheté, son gâteau. N’oublions pas que PHK était quelqu’un d’assez « pauvre » en terme de ressources. Mais sa proposition de le finir avec lui ne voulait pas dire qu’il l’avait pardonné. Loin de là ! Il était reconnaissant, certes. Mais on n’effaçait pas le passé d’un revers de la main. Pas en un seul, du moins.